PERMÉABILITÉ
Évoquée comme qualité urbaine essentielle selon plusieurs auteurs, celle-ci est souvent liée aux facteurs socio-économiques d’une ville. De plus, cette qualité a un impact mesurable sur l’expérience et la qualité urbaine ainsi que le comportement des usagers.
LA RUE COMME ESPACE PUBLIC COLLECTIF
D’abord, l’un des facteurs d’influence qualitatifs à considérer est l’importance des choix de déplacements.
Afin de favoriser la présence de chemins alternatifs dans le système viaire, il va de soi qu’« un endroit avec de petits îlots donne plus de choix d'itinéraires qu'un endroit avec de grands îlots. (McGlynn, Smith, Alcock, Murrain, Bentley, 1985)».
Source : Responsible Environments (1985)
UN ESPACE PUBLIC DÉLIMITÉ
D’autre part, l’orientation spatiale de l’usager doit être prise en compte. Une délimitation établie des aires de circulations collectives ou privatives communique clairement sa limite dans l’espace (Jacobs, 1993).
On parle alors de la présence de trames ininterrompues, de parcours simples et vivants. Cela va donc à l’opposé d’une ségrégation entre piétons et automobiles qui ne ferait que dupliquer la présence des rues sur le réseau
Source : Making Great Streets (1993)
PERMÉABILITÉ PHYSIQUE ET VISUELLE
Finalement, les connexions physiques et visuelles favorisent l’activité, la sécurité et le confort de tous. En effet, l’une des stratégies à aborder est une gradation de privacité. Au bord des rues, une transparence des façades face au domaine public génère de l’activité et soutient l’expérience et la sociabilité.
Ensuite, une barrière physique entre les divers modes de mobilité accroit le sentiment de sécurité et de confort. Notamment, la présence d’arbres agit à titre de barrière visuelle et psychologique tout en étant une protection contre les éléments sans être d’une permanence rigide. L’espace privé est donc sous le contrôle de l’usager alors qu’il perçoit l’espace public d’un côté en étant maitre chez soi.
Source : Responsible Environments (1985)
VILLE DE PROXIMITÉ
Si la perméabilité de la ville est la cause principale du plan de design urbain de la ville de Calton, l’accessibilité serait son effet direct. En effet, une ville perméable est une ville connectée et accessible par l’ensemble de sa population.
L'ACCESSIBILITÉ
Une bonne accessibilité n’est pas seulement définie par le degré auquel les usagers sont interconnectés par le biais d’un réseau routier et de transport, mais aussi par la facilité de ceux-ci à se déplacer et d’accéder aux services. De ce fait, la ville de demain se base sur la proximité des services par un réseau connecté et une mixité urbaine. Une ville de proximité a plusieurs effets sur le quotidien des citoyens qui y habitent (Solá & Vihelmson, 2018) :
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Elle augmente la qualité de vie des gens
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Améliore les espaces dans les quartiers
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Favorise l’environnement et la sociabilité
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Réduit la consommation d’énergie et de transport polluant
En rapprochant les services par la mixité urbaine, aucune grande distance ne doit être franchi ce met qui de l’avant un mode de vie local (différents services à proximité), sain et actif (marche et pistes cyclables) tout en décourageant l’utilisation de la voiture (réduction des gaz à effets de serre)
La ville du 1/4 d'heure
Source : Hidalgo, A. & Moreno, C (2020)
LES PARAMÈTRES
La ville de proximité est déterminée par un rayon de marche raisonnable qu’un individu est prêt à franchir. Ce rayon varie selon plusieurs facteurs (Healthy Space and Places, 2009) :
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La topographie du terrain
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La nature de l’endroit
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Les conditions météorologiques
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La facilité de se déplacer pour les piétons
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Le but du déplacement
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La culture de l’individu
Un rayon de 400m est défini comme étant une distance raisonnable (5 minutes de marches), mais si les conditions sont bonnes, un individu serait prêt à franchir 1,2 km pour se rendre à destination (Healthy Space and Places, 2009). En prônant la présence des piétons et des cyclistes sur les routes par des réseaux de transports connectés à travers la ville, un bon design urbain favorise la bonne santé et le bien-être de ses citoyens.
400m dans une ville perméable
Source :Healthy Space & Places (2009)
400m dans une ville non-perméable
Source : Healthy Space & Places (2009)
L'INCLUSION SOCIALE
Une ville connectée a aussi un effet sur la communauté elle-même en augmentant l’inclusion sociale et l’égalité entre ses différents membres. En effet, si un mode de transport lent permet une équité sociale par l’accessibilité équitable envers les services clefs d’un quartier, il permet aussi une communauté soutenable en valorisant les interactions sociales, la participation aux activités communautaires, la fierté ainsi qu’un sentiment de sécurité et d’appartenance à un lieu (Solá & Vihelmson, 2018). Le principe est simple : plus nous voyageons lentement, plus nous sommes en mesure de reconnaitre les visages et l’environnement qui se trouve autour de nous. Cette prise de conscience augmente les opportunités d’interactions avec les autres citoyens, de tisser des liens, de s’impliquer, etc.
Bien que l’automobile était un moyen de transport efficace pour traverser de grandes distances, ses infrastructures et sa vitesse ont mises en place des barrières à travers la ville qui ont compromis le bien-être des citoyens. Le retour à des moyens de transport actif au sein d’une ville de proximité a pour but de contrer et de diluer ses barrières en favorisant l’interaction humaine et un mode de vie écologique.
Perception de l'environnement selon la vitesse
Source : Gil Solá, A. & Vihelmson, B (2018)
FACTEURS SOCIO-ÉCONOMIQUE
Un contexte socio-économique sain prend ses racines dans un environnement sécuritaire et agréable pour tous les usagers de l'espace urbains.
PROMOUVOIR UN QUARTIER SÉCURITAIRE ET VIABLE
Peu importe les maux qui ont effet dans un quartier, il s’agit de mettre en place les conditions nécessaires afin de perpétuer la sécurité et la civilisation dans ceux-ci. La sécurité n'est pas l'œuvre des forces de l'ordre, mais bien induite dans le design des rues et des trottoirs; ce sont les vecteurs principaux de la sécurité de la ville. L’auteure Jane Jacobs note trois conditions qui permettent à une rue de rester achalandée par des étrangers pendant le jour et rester sécuritaire en leur absence.
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Le domaine public et le domaine privé doivent clairement être départagés.
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Il doit y avoir des yeux dans la rue, ceux des propriétaires naturels de la rue. Les façades doivent être ouvertes sur la rue en tout temps avec des ouvertures. À éviter : les clôtures hautes et opaques et les façades aveugles.
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La rue doit être fréquentée de façon quasi continue, à la fois pour augmenter le nombre de yeux en action et pour inciter les occupants des immeubles riverains à observer les trottoirs en grand nombre.
Source : SlideShare, Gaurav. H .Tandon, 2016
D'autre part, certains facteurs dans les petites agglomérations, découlant des principes de la réputation et du bavardage, font en sorte qu’elles sont moins complexes à gérer que les quartiers de grandes villes où l’on doit contrôler le comportement des citadins et celui des visiteurs. Certaines composantes dans le design urbain peuvent aider à la sécurité de la rue. Par exemple, les lampadaires permettent aux yeux de pouvoir scruter plus facilement et plus loin la rue. Il est à noter que certains niveaux sont souhaitables, s'il s'agit de piétons, cyclistes ou véhicules.
D’autre part, certains critères de design présentés par l’auteur Ian Bentley favorisent les facteurs socio-économique de nos villes.
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Variété. La variété d’usages rend le quartier plus équilibré et plus inclusif. Une variété de commerces, logements et locaux institutionnels est souhaitable afin d’obtenir un équilibre économique viable à l’échelle du quartier. Les parcs publics sont des espaces qui permettent la tenue d’activités pour tous.
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Personnalisation. Les gens tiennent à leur quartier et ne veulent pas le perdre au profit des designers et dirigeants. Les citoyens doivent rester fier de leurs espaces de vie, leur chez-soi.
Cependant on ne doit jamais perdre de vue le concept suivant : il ne s’agit pas d’en faire trop, mais juste assez pour éviter une gentrification rapide qui déplace le problème ailleurs. La gentrification est un principe presque naturel dans les sociétés capitalistes de l’occident, mais qui s'avère négatif pour les populations moins nanties.
Source : SlideShare, Gaurav. H .Tandon, 2016
CARACTÈRE ÉCOLOGIQUE
L’intégration d’infrastructures vertes et bleues à celle des infrastructures grises (rues, immeubles, etc.) va permettre de favoriser la durabilité des milieux urbains.
INFRASTRUCTURES VERTES ET BLEUES
Leurs présences sont en relation avec les services écosystémiques tels que les services reliés à la nourriture, la stabilisation des températures, le cycle naturel de l’eau (Mader, Patrickson & all., 2010). Plusieurs études montrent l’importance de ces services aux maintiens de la qualité de vie humaine et économique. De plus, les corridors écologiques en réseaux sont pris en compte dans une démarche systémique des infrastructures vertes, bleues et grises (Hilty, Worboys & all., 2020).
L’approche des infrastructures bleues reliées aux infrastructures vertes intègre la gestion des eaux pluviales afin de favoriser le cycle de l’eau pour que celles-ci se dirigent et s’infiltrent de manière naturelle (Tokarczyk-Dorociak, Walter & all., 2017).
BÉNÉFICES INFRASTRUCTURES VERTES ET BLEUES
Sociaux économique
1.1 Les infrastructures (vertes et bleues) permettent de favoriser une meilleure santé et accroitre la qualité de vie de la population.
La présence d’éléments naturels à proximité des citoyens montre une corrélation avec le maintien d’une bonne santé mentale et physique. Les effets positifs ont été démontrés dans plusieurs études se référent au concept de la biophilie. Il s’agit selon l’entomologiste Edward Osborn Wilson «l'affiliation émotionnelle innée des êtres humains à d'autres organismes vivants. Inné signifie héréditaire et donc partie de la nature humaine ultime» (Beatley, 2016).
INFRASTRUCTURES VERTES ET BLEUES
Les infrastructures vertes et bleues consistent à l’intégration et la conservation d’ensembles d’éléments naturels (existant sur le territoire) tels que les boisés, lacs, rivières, les composantes semi-naturelles (aménagés par l’homme) comme les parcs verts, champs, jardins, etc., et artificielles. L’intégration de cette approche se fait à l’échelle internationale, nationale, régionale et locale (Ghofrani, Sposito & all., 2017).
Source : Ramboll Studio Dreiseitl, 2016
Leurs présences sont en relation avec les services écosystémiques tels que les services reliés à la nourriture, la stabilisation des températures, le cycle naturel de l’eau, etc. (Coutts & Hahn, 2015) De plus, les corridors écologiques en réseaux sont pris en compte dans une démarche systémique des infrastructures vertes, bleues et grises.
Source : DDTM 34, 2016
Notamment, la gestion des eaux pluviales fait partie de cette approche afin de favoriser le cycle de l’eau pour que celles-ci se dirigent et s’infiltrent de manière naturelle (Tokarczyk-Dorociak, Walter & all., 2017). Elle est en lien avec le concept des systèmes de drainage durable défini comme une approche «conçu pour gérer les eaux pluviales localement, pour imiter le drainage naturel et favoriser son infiltration, son atténuation et son traitement passif» (Local Government.UK, 2020).
AVANTAGES INFRASTRUCTURES VERTES ET BLEUES
SOCIAUX ÉCONOMIQUES
1. Favorisent une meilleure santé et accroissent la qualité de vie de la population.
La présence d’éléments naturels à proximité des citoyens montre une corrélation avec le maintien d’une bonne santé mentale et physique. Les effets positifs ont été démontrés dans plusieurs études se référent au concept de la biophilie. Il s’agit selon l’entomologiste Edward Osborn Wilson «l'affiliation émotionnelle innée des êtres humains à d'autres organismes vivants. Inné signifie héréditaire et donc partie de la nature humaine ultime» (Beatley, 2016).
Un effet apaisant se crée lorsque l’humain est à l’intérieur d’espace naturel, près ou voit des composantes naturelles.
Cet effet, enclenche une baisse des fréquences cardiaques et de cortisol résultant une diminution du stress provocant une meilleure humeur.
La réduction du stress diminue de manière significative le développement de diverses maladies tel que les cancers, dépressions et maladies cardiovasculaires (Beatley, 2016).
La présence d’espaces naturelles ou aménagés favorise les activités récréatives et physiques ce qui engendre une augmentation des contacts sociaux et de bien-être.
2. Augmentent le capital naturel
Plusieurs études montrent la valeur économique des espaces naturels et aménagés en lien avec le concept de biophilie sur les aspects esthétiques et les biens faits ressentis.
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Les gens restent plus longtemps sur une rue commerciale aménagée d’arbres et de végétaux comparés à une rue sans composantes naturelles. Ils seraient disposés à payer 25 % de plus sur leurs achats (Browing.W, Kallianpurkar.N & all., 2015).
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La vue sur le paysage naturel fait augmenter la valeur foncière des terrains allant d’une augmentation de 58 % lorsqu’il a une vue sur un plan d’eau (Browing.W, Kallianpurkar.N & all., 2015).
Source : Krueger, 2018
Source : Dublanchet, 2017
Source : Sini, 2019
ENVIRONNEMENTAUX
1. Préservation et réintégration de la biodiversité (oiseaux, abeilles, etc.)
Cette approche établit des milieux propices à leurs habitats (parcs verts, boisés, plans d’eau, etc.) et intègre des couloirs écologiques qui visent à diminuer les effets de la fragmentation (Hilty, Worboys & all., 2020).
Source : Gilbert, Gonzalez & all. (1998)
2. Atténuation des effets aux changements climatiques (inondations et îlots de chaleur)
ILOTS DE CHALEUR
En moyenne, une rue sans aménagement végétale augmente de 7 degrés comparativement à une rue mettant en place des infrastructures vertes (Rousseau, 2016). La présence d’arbres, d’espace vert et de plan d’eau va venir diminuer la température environnante.
La vapeur émise dans l’air par le processus d’évapotranspiration des végétaux et du sol va créer un effet de refroidissement dans la zone.
L’effet réfléchissant des végétaux permet d’emmagasiner moins de chaleur provenant du rayonnement (Monterio, Handley & all., 2019).
L’ombre créée par les arbres va réduire l’absorption de la chaleur des matériaux minérals.
De plus, une partie des polluants provenant de la ville va être captée par les végétaux diminuant ainsi les particules dans l’air.
INONDATIONS
Les infrastructures vertes et bleues vont venir atténuer les inondations créées par l’augmentation des précipitations lorsque les systèmes de drainage conventionnel ne peuvent plus les supporter.
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L’eau de surface va être retenue permettant de diminuer le débit de ruissellement lors des précipitations.
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Les sols végétaux vont permettre une filtration et une infiltration de l’eau de surface permettant de diminuer les polluants provenant de ruissellement. Ainsi qu'augmenter la recharge de la nappe phréatique passant par l'aquifère (Voskamp,& Van de Ven., 2015).
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Des techniques peuvent être utilisés tels que les jardins d’eaux et bassins de rétention d'eau.
Source : The Scottish Government, 2019